(je me suis donné du mal pour l’écrire) 🙂

Intro

La métaphysique se rapporte à ce qui est au delà de la physique, au delà de la nature.

Elle s’intéresse au Principe Fondamental à l’origine de toute chose; Principe qui détermine notamment le monde manifesté que nous connaissons.

En d’autres termes il est question ici de s’intéresser à Celui que l’on appelle communément Dieu dans les religions, et aux liens qui Le relient à la création dont Il est l’Auteur.

La perspective métaphysique, c’est un peu l’étude de Dieu envisagé selon différents degrés, partant d’Un Principe Suprême à l’origine de toute chose, jusqu’à la multiplicité déployée dans l’existence. Se pose alors inévitablement la question de la place de l’Homme dans cet ensemble.

Évidemment on ne peut se résoudre qu’à l’humilité devant l’Inexprimable, et maintenir ses propres affirmations à l’intérieur d’épaisses parenthèses. Cette tentative d’approche prend ici l’œuvre de René Guénon en référence, qui lui, était entre autre, en parfait accord avec l’orthodoxie Vedantine. Si des inexactitudes venaient à être constatées, elles ne pourraient provenir que de mauvaise compréhension et/ou retranscription de ma part.

Lorsque l’on considère cette question centrale, supra-existentielle, on ne peut l’envisager comme une simple spécialité de la philosophie, comme cela est couramment énoncé dans la perspective dite occidentale; le Tout Absolu ne pouvant être considéré comme une partie d’un quelque autre ensemble.

Si l’on parle bien de métaphysique dite intégrale, il ne peut être question non plus de considération se limitant à l’étude de L’Être.

Si ce dernier est bien considéré comme le Principe de la manifestation, il reste cependant lui-même une première détermination.

Une perspective métaphysique plus profonde doit alors nécessairement dépasser l’ontologie, et s’intéresser à ce qui est antérieur, à l’Unité et à la multiplicité.

C’est le domaine du Non-Être, sur lequel nous reviendrons, sorte de matrice aux principes non affirmés, dont L’Être, procède lui-même; l’Unité étant le Zéro métaphysique exprimé.

Afin de pouvoir s’approcher au mieux de ce qu’est la métaphysique, il paraît important d’ordonner et de spécifier, à la mesure de nos possibilités, les différentes grandes idées pouvant être considérées dans ce domaine; en gardant à l’esprit que cette séparation ne peut avoir qu’une valeur représentative, pour aider à mieux l’appréhender; le Tout Universel et Absolu ne pouvant jamais être séparé réellement de ce qu’il « contient », ou de ce qui procède de lui, puisqu’il « est » le Tout , sans limite et sans distinction.

Pour s’en faire une représentation significative, on pourrait dire que : l’Unité Principielle tisse à partir d’Elle-même la multiplicité, reliant le Tout Absolu au tout manifesté par des fils inapparents.

La métaphysique n’est pas réellement définissable par des mots, elle n’est pas connaissable par la pensée, puisque l’objet de la métaphysique se situe au delà du monde, au delà de la forme; il est alors impossible de s’en faire une représentation fidèle, par nos facultés limitantes, propres à nos conditions d’existence.

Si la véritable connaissance métaphysique ne peut se faire que métaphysiquement, par l’intuition intellectuelle, qui est une connaissance immédiate, et qui tel un rayon foudroyant vient symboliquement traverser le cœur, à la suite d’une pratique spirituelle soutenue; la connaissance théorique quant à elle, fruit du raisonnement et de ses méandres, permet de s’en faire une certaine représentation, et n’en est pas moins une première approche nécessaire.

L’œil ne perçoit que l’éclat et les reliefs du manifesté ; l’œil du cœur quant à lui contemple de l’intérieur la richesse du trésor gardé.


L’Infini

Afin d’éviter toute confusion, il parait pertinent de faire la distinction entre l’Infini et l’indéfini.

On a pour habitude dans le langage courant de considérer à tort, l’univers (l’ensemble de tout ce qui existe) comme étant « infini ».

L’univers est en réalité « indéfini » car il est du domaine de l’existence, de la manifestation; son étendue, ses prolongements, sa multiplicité organisée et déployée, dépassent effectivement la perception humaine, mais il reste déterminé, régit par son Principe, qui se trouve au delà du manifesté, et ne pouvant être sans ce dernier, il comporte dès lors, des limites, un début, une fin, et ne peut donc être considéré comme « in-fini ».

L’indéfini peut être ainsi considéré comme une extension quantitative, propre au domaine manifesté, dont on ne peut, en tant qu’Homme, percevoir les limites effectives.

L’Infini quant à ce terme, signifie étymologiquement « non limité » ou « sans fin ». Il exprime la négation de toute limite.

René Guénon indique remarquablement que « la négation de toute limite équivaut en réalité à l’affirmation totale et absolue ».

L’Infini ne peut être que le Tout Absolu, Celui qui contient tout et en dehors duquel il n’y a strictement rien, Celui qui n’a ni début ni fin, éternel, en dehors des considérations de temps et d’espace ; au delà de toute détermination il n’est plus possible d’assigner une définition à Celui qui les possède en intégralité.

Inexprimable, le Principe Suprême ne saurait être mentionné autrement que par la négation de ce qu’il n’est pas, et comme le fait remarquer Guénon, « l’idée d’Infini est paradoxalement la plus positive de toute ».

L’Infini en tant que Principe Suprême, en tant que Tout absolu, représente depuis notre perspective toute humaine, le degré le plus élevé que l’on puisse concevoir, de Celui qu’on appelle communément Dieu.
Il est depuis notre regard, le point de départ et l’arrivée, sans avoir cependant, ni commencement ni fin.
Il est au delà du monde, à l’origine du monde et dans le monde.
Pourrait-il y avoir un seul atome ou Il ne saurait résider ? Pourrait-il y avoir quelque chose qui ait son existence sans provenir de Lui? Cela reviendrait à réduire la Totalité et à en faire une partie séparée, en dehors du Tout, cela reviendrait à envisager plusieurs infinis, ce qui est une impossibilité.

L’Infini est tout ce qui existe, tout ce qui n’existe pas encore, et tout ce qui n’existera jamais ; Il est le manifesté et l’inexprimable ; Il est le contenant, le contenu et au delà des deux.

Il est la Possibilité Universelle, somme de toutes les possibilités, dont les deux aspects sont le Non-Être et l’Être.

Il est le Principe des principes, au delà de la multiplicité qui est dualité, au-delà de l’Unité qui est une première détermination ; au delà de toute détermination, il est Non-Dualité.


Le Non-Être

Lorsqu’on aborde les questions métaphysiques on se heurte inévitablement à des concepts pouvant paraitre abstraits au premier abord, extrêmement difficiles à définir et à appréhender, puisqu’il s’agit de réalités résidant avant l’image, avant la forme, donc au delà de notre référentiel dans l’existence. Cela semble encore plus complexe pour des mentalités modernes comme les nôtres, bercées au rationalisme, au matérialisme, et surtout à l’abrutissement général ce siècle dernier.

L’infini, au delà de toute distinction, et Non-dualité, est la somme de toutes les possibilités, dont le Non-Être et l’Être sont les deux aspects.

Qu’est ce que le Non –être ?

Il ne doit pas être confondu avec le néant, puisque le premier est contenu dans la toute possibilité, le second est quant à lui, semblable à l’impossibilité. En d’autres termes, le Non-Être serait un tout (contenant les possibilités de non manifestation et l’Être lui même), alors que le néant « serait » un rien.
En effet le terme Non-Être ne signifie pas qu’il n’a aucune réalité, bien au contraire, mais simplement qu’il n’est pas manifesté, il est au delà du monde crée, il « n’est pas» (de ce monde), mais il «demeure» (au delà du monde).

Il en est d’ailleurs d’une réalité bien plus profonde, puisqu’il est proprement la racine qui donne au monde manifesté, sa réalité.

Le Non-Être est le zéro métaphysique d’où procède l’Unité, c’est l’Unité non affirmée.
Il faut encore distinguer ici, Le zéro métaphysique qui contient tout, du zéro envisagé en mathématique qui ne contient rien. Ce même zéro qui curieusement, comme le remarque Guénon, quand on le place derrière un chiffre, augmente la valeur de ce dernier.

Le Non-Être est comme l’arrière plan non manifesté, sur lequel le monde manifesté peut exister, il est une sorte de matrice génératrice où résident les principes immuables, la distinction des êtres, et de laquelle la réalité manifestée prendra forme.

Pour le dire encore autrement :

les principes sans forme, informent, ce qui prend forme dans le monde manifesté.

L’Infini, ou la totalité des possibilité, rappelons le une fois de plus, a deux aspects : l’Être et le Non-Être.

L’Être étant le principe de la manifestation, contenant les possibilités de manifestation, ce que l’on peut plus aisément se représenter ; et Le Non-Être quant à lui comprenant le non manifesté, c’est-à-dire les possibilités de non manifestation.

A quoi cela peut il correspondre ?

Le Non-Être contient d’une part ce qui ne sera jamais manifesté, c’est-à-dire les principes immuables ; et d’autres part ce qui n’est pas encore manifesté (ce qui est potentiel ou à l’état latent) ou encore, ce qui peut se manifester pour un être mais pas pour un autre.

1. Les possibilités de non manifestation

Il s’agit là du non manifestable, de ce qui ne pourra jamais se manifester, parce qu’il s’agit de grands principes inchangeants. Ces principes sont, pourrait-on dire, des matrices contenant des possibilités, ou des « qualités » manifestables.

.Le vide comme synthèse de toutes les formes,
.Le silence comme synthèse de tous les sons,
.L’obscurité comme support d’où la lumière peut rayonner,
.Le noir comme synthèse de toutes les couleurs, etc.

Effectivement jamais dans la manifestation il ne peut y avoir un silence complet ou une obscurité totale, il y a toujours, même dans l’obscurité la plus sombre, un degré de visibilité, dans le silence le plus sourd, un sifflement dans l’oreille.

2. Les possibilités de manifestation en tant qu’elles ne se manifestent pas.

Il s’agit ici des possibilités de manifestation qui ne sont pas manifestées pour tel être, mais qui peuvent l’être pour un autre ; ou encore les possibilités qui résident à l’état latent en attente d’une actualisation.

Je vais prendre ici un exemple qui pourrait paraitre absurde au premier abord, mais qui aidera certainement à mieux se représenter ce dont il est question :

je mesure 1 mètre, 82 centimètres, la possibilité de manifestation de mesurer 1m 90 , est une possibilité de manifestation, mais non manifestée pour moi, elle peut cependant s’actualiser pour un autre que moi. Ensuite la possibilité de manifestation de mesurer 1m 80 est une possibilité non manifestée également me concernant, mais qui réside potentiellement, à l’état latent, dans l’éventualité où mes vertèbres venaient à s’affaisser avec l’âge. Cela reste une possibilité de manifestation, mais non manifestée.

Il est à indiquer que toute possibilité de non manifestation ne se manifestera jamais et n’a pas vocation à l’être ; et que toute possibilité de manifestation doit nécessairement se manifester.

C’est pourquoi il est notamment indiqué qu’à la fin du cycle, toutes les possibilités, surtout les plus basses, (ne s’étant pas actualisées dans les cycles plus qualitatifs, précédents) doivent êtres épuisées et finir par s’actualiser. On peut mieux comprendre l’ampleur du flot ininterrompu, le tsunami d’influences basses, se déversant dans le monde à notre époque.


L’Être

L’Être est le Principe de la manifestation, il contient toutes les possibilités de manifestation en tant qu’elles se manifestent. Il est le fondement sur lequel repose toute existence, tout ce que l’on retrouve dans l’univers, dans le monde terrestre.

Il est l’Unité, au-delà de la séparative. Dans l’Être toutes choses sont unies, sans toutefois être confondues, c’est de l’Un que va procéder la multiplicité.

Trouvant son origine dans le Non-Être, il est lui-même la première détermination, il ne peut alors être envisagé comme le Principe Suprême indéterminé.

Il est, pourrait on dire, le premier degré du Divin qui puisse s’offrir à la représentation humaine.

L’Homme, comme le dit Platon pense en image ; le zéro métaphysique étant abstrait, et de prime abord, hors de sa capacité rationnelle de compréhension ; Seule l’Unité s’offre alors à lui comme un Tout concevable, comme un point de départ conceptualisable, du monde manifesté.

Mais S’il est hiérarchiquement envisagé comme un degré du Divin venant après l’Infini et le Non être ; il n’en demeure pas moins de même nature, en tant qu’un des deux aspects du Tout Absolu. Il tisse la réalité à partir de lui-même.

L’Etre est, pour rester dans la perspective Vedantine, semblable au Soi ou à l’Atmâ ; et l’Infini est semblable au Suprême Brahma.

Rappelons encore que lorsqu’il s’agit d’envisager l’Infini, le Tout Absolu, l’Unité Primordiale, il convient, nous dit Guénon, d’employer le terme de Non-Dualité plutôt que d’Unité.

L’Unité faisant, à mon sens, plutôt référence à « un Tout fermé », alors que la Non – Dualité pourrait quant à elle faire référence à un Tout, sans début ni fin , sans limite, suggérant l’inexprimable. Mais il s’agit là une interprétation toute personnelle.



La manifestation

La manifestation est l’ensemble des Principes prenant forme et venant se révéler dans le monde, c’est le déploiement des possibilités venant modeler les différents états d’existence.

C’est la réfraction de la Vérité venant se multiplier à travers le subtile jusqu’à la matière.

C’est le domaine du quantitatif, du relatif, de l’indéfini déploiement de causes successives.

La manifestation est le langage qu’utilise le Divin pour exprimer sa miraculeuse poésie, c’est le symbole exprimant à nos sens, le trésor caché.
C’est la fleur exprimée, que la graine contenait.

Mais c’est encore un appel, un son primordial envoyé et attendant un retour, un écho.

L’Homme est lui-même manifesté, il est un composite de possibilités, il est à la fois dans le monde et au-delà, par son Principe.

La manifestation est la projection dans laquelle l’Homme, reflet, image de Dieu sur terre, est assigné à une quête, celle du retour.

Il a dans le déploiement de la multiplicité, dans sa chute, à résister à la loi de la pesanteur l’entrainant vers le quantitatif, vers la matière, à se délester de ses parties périssables, pour réaliser , pour connaitre, son Identité Suprême.



La métaphysique est une connaissance de l’au delà de ce qui existe.

La réalisation c’est connaître ce qui est, et être ce qui est connu.
Intro

La métaphysique se rapporte à ce qui est au delà de la physique, au delà de la nature.

Elle s’intéresse au Principe Fondamental à l’origine de toute chose; Principe qui détermine notamment le monde manifesté que nous connaissons.

En d’autres termes il est question ici de s’intéresser à Celui que l’on appelle communément Dieu dans les religions, et aux liens qui Le relient à la création dont Il est l’Auteur.

La perspective métaphysique, c’est un peu l’étude de Dieu envisagé selon différents degrés, partant d’Un Principe Suprême à l’origine de toute chose, jusqu’à la multiplicité déployée dans l’existence. Se pose alors inévitablement la question de la place de l’Homme dans cet ensemble.

Évidemment on ne peut se résoudre qu’à l’humilité devant l’Inexprimable, et maintenir ses propres affirmations à l’intérieur d’épaisses parenthèses. Cette tentative d’approche prend ici l’œuvre de René Guénon en référence, qui lui, était entre autre, en parfait accord avec l’orthodoxie Vedantine. Si des inexactitudes venaient à être constatées, elles ne pourraient provenir que de mauvaise compréhension et/ou retranscription de ma part.

Lorsque l’on considère cette question centrale, supra-existentielle, on ne peut l’envisager comme une simple spécialité de la philosophie, comme cela est couramment énoncé dans la perspective dite occidentale; le Tout Absolu ne pouvant être considéré comme une partie d’un quelque autre ensemble.

Si l’on parle bien de métaphysique dite intégrale, il ne peut être question non plus de considération se limitant à l’étude de L’Être.

Si ce dernier est bien considéré comme le Principe de la manifestation, il reste cependant lui-même une première détermination.

Une perspective métaphysique plus profonde doit alors nécessairement dépasser l’ontologie, et s’intéresser à ce qui est antérieur, à l’Unité et à la multiplicité.

C’est le domaine du Non-Être, sur lequel nous reviendrons, sorte de matrice aux principes non affirmés, dont L’Être, procède lui-même; l’Unité étant le Zéro métaphysique exprimé.

Afin de pouvoir s’approcher au mieux de ce qu’est la métaphysique, il paraît important d’ordonner et de spécifier, à la mesure de nos possibilités, les différentes grandes idées pouvant être considérées dans ce domaine; en gardant à l’esprit que cette séparation ne peut avoir qu’une valeur représentative, pour aider à mieux l’appréhender; le Tout Universel et Absolu ne pouvant jamais être séparé réellement de ce qu’il « contient », ou de ce qui procède de lui, puisqu’il « est » le Tout , sans limite et sans distinction.

Pour s’en faire une représentation significative, on pourrait dire que : l’Unité Principielle tisse à partir d’Elle-même la multiplicité, reliant le Tout Absolu au tout manifesté par des fils inapparents.

La métaphysique n’est pas réellement définissable par des mots, elle n’est pas connaissable par la pensée, puisque l’objet de la métaphysique se situe au delà du monde, au delà de la forme; il est alors impossible de s’en faire une représentation fidèle, par nos facultés limitantes, propres à nos conditions d’existence.

Si la véritable connaissance métaphysique ne peut se faire que métaphysiquement, par l’intuition intellectuelle, qui est une connaissance immédiate, et qui tel un rayon foudroyant vient symboliquement traverser le cœur, à la suite d’une pratique spirituelle soutenue; la connaissance théorique quant à elle, fruit du raisonnement et de ses méandres, permet de s’en faire une certaine représentation, et n’en est pas moins une première approche nécessaire.

L’œil ne perçoit que l’éclat et les reliefs du manifesté ; l’œil du cœur quant à lui contemple de l’intérieur la richesse du trésor gardé.


L’Infini

Afin d’éviter toute confusion, il parait pertinent de faire la distinction entre l’Infini et l’indéfini.

On a pour habitude dans le langage courant de considérer à tort, l’univers (l’ensemble de tout ce qui existe) comme étant « infini ».

L’univers est en réalité « indéfini » car il est du domaine de l’existence, de la manifestation; son étendue, ses prolongements, sa multiplicité organisée et déployée, dépassent effectivement la perception humaine, mais il reste déterminé, régit par son Principe, qui se trouve au delà du manifesté, et ne pouvant être sans ce dernier, il comporte dès lors, des limites, un début, une fin, et ne peut donc être considéré comme « in-fini ».

L’indéfini peut être ainsi considéré comme une extension quantitative, propre au domaine manifesté, dont on ne peut, en tant qu’Homme, percevoir les limites effectives.

L’Infini quant à ce terme, signifie étymologiquement « non limité » ou « sans fin ». Il exprime la négation de toute limite.

René Guénon indique remarquablement que « la négation de toute limite équivaut en réalité à l’affirmation totale et absolue ».

L’Infini ne peut être que le Tout Absolu, Celui qui contient tout et en dehors duquel il n’y a strictement rien, Celui qui n’a ni début ni fin, éternel, en dehors des considérations de temps et d’espace ; au delà de toute détermination il n’est plus possible d’assigner une définition à Celui qui les possède en intégralité.

Inexprimable, le Principe Suprême ne saurait être mentionné autrement que par la négation de ce qu’il n’est pas, et comme le fait remarquer Guénon, « l’idée d’Infini est paradoxalement la plus positive de toute ».

L’Infini en tant que Principe Suprême, en tant que Tout absolu, représente depuis notre perspective toute humaine, le degré le plus élevé que l’on puisse concevoir, de Celui qu’on appelle communément Dieu.
Il est depuis notre regard, le point de départ et l’arrivée, sans avoir cependant, ni commencement ni fin.
Il est au delà du monde, à l’origine du monde et dans le monde.
Pourrait-il y avoir un seul atome ou Il ne saurait résider ? Pourrait-il y avoir quelque chose qui ait son existence sans provenir de Lui? Cela reviendrait à réduire la Totalité et à en faire une partie séparée, en dehors du Tout, cela reviendrait à envisager plusieurs infinis, ce qui est une impossibilité.

L’Infini est tout ce qui existe, tout ce qui n’existe pas encore, et tout ce qui n’existera jamais ; Il est le manifesté et l’inexprimable ; Il est le contenant, le contenu et au delà des deux.

Il est la Possibilité Universelle, somme de toutes les possibilités, dont les deux aspects sont le Non-Etre et l’Être.

Il est le Principe des principes, au delà de la multiplicité qui est dualité, au-delà de l’Unité qui est une première détermination ; au delà de toute détermination, il est Non-Dualité.


Le Non-Être

Lorsqu’on aborde les questions métaphysiques on se heurte inévitablement à des concepts pouvant paraitre abstraits au premier abord, extrêmement difficiles à définir et à appréhender, puisqu’il s’agit de réalités résidant avant l’image, avant la forme, donc au delà de notre référentiel dans l’existence. Cela semble encore plus complexe pour des mentalités modernes comme les nôtres, bercées au rationalisme, au matérialisme, et surtout à l’abrutissement général ce siècle dernier.

L’infini, au delà de toute distinction, et Non-dualité, est la somme de toutes les possibilités, dont le Non-Être et l’Être sont les deux aspects.

Qu’est ce que le Non –être ?

Il ne doit pas être confondu avec le néant, puisque le premier est contenu dans la toute possibilité, le second est quant à lui, semblable à l’impossibilité. En d’autres termes, le Non-Etre serait un tout (contenant les possibilités de non manifestation et l’Etre lui même), alors que le néant « serait » un rien.
En effet le terme Non -Etre ne signifie pas qu’il n’a aucune réalité, bien au contraire, mais simplement qu’il n’est pas manifesté, il est au delà du monde crée, il « n’est pas» (de ce monde), mais il «demeure» (au delà du monde).

Il en est d’ailleurs d’une réalité bien plus profonde, puisqu’il est proprement la racine qui donne au monde manifesté, sa réalité.

Le Non-Être est le zéro métaphysique d’où procède l’Unité, c’est l’Unité non affirmée.
Il faut encore distinguer ici, Le zéro métaphysique qui contient tout, du zéro envisagé en mathématique qui ne contient rien. Ce même zéro qui curieusement, comme le remarque Guénon, quand on le place derrière un chiffre, augmente la valeur de ce dernier.

Le Non-Être est comme l’arrière plan non manifesté, sur lequel le monde manifesté peut exister, il est une sorte de matrice génératrice où résident les principes immuables, la distinction des êtres, et de laquelle la réalité manifestée prendra forme.

Pour le dire encore autrement :

les principes sans forme, informent, ce qui prend forme dans le monde manifesté.

L’Infini, ou la totalité des possibilité, rappelons le une fois de plus, a deux aspects : l’Etre et le Non-Etre.

L’Etre étant le principe de la manifestation, contenant les possibilités de manifestation, ce que l’on peut plus aisément se représenter ; et Le Non-Etre quant à lui comprenant le non manifesté, c’est-à-dire les possibilités de non manifestation.

A quoi cela peut il correspondre ?

Le Non-Être contient d’une part ce qui ne sera jamais manifesté, c’est-à-dire les principes immuables ; et d’autres part ce qui n’est pas encore manifesté (ce qui est potentiel ou à l’état latent) ou encore, ce qui peut se manifester pour un être mais pas pour un autre.

1. Les possibilités de non manifestation

Il s’agit là du non manifestable, de ce qui ne pourra jamais se manifester, parce qu’il s’agit de grands principes inchangeants. Ces principes sont, pourrait-on dire, des matrices contenant des possibilités, ou des « qualités » manifestables.

.Le vide comme synthèse de toutes les formes,
.Le silence comme synthèse de tous les sons,
.L’obscurité comme support d’où la lumière peut rayonner,
.Le noir comme synthèse de toutes les couleurs, etc.

Effectivement jamais dans la manifestation il ne peut y avoir un silence complet ou une obscurité totale, il y a toujours, même dans l’obscurité la plus sombre, un degré de visibilité, dans le silence le plus sourd, un sifflement dans l’oreille.

2. Les possibilités de manifestation en tant qu’elles ne se manifestent pas.

Il s’agit ici des possibilités de manifestation qui ne sont pas manifestées pour tel être, mais qui peuvent l’être pour un autre ; ou encore les possibilités qui résident à l’état latent en attente d’une actualisation.

Je vais prendre ici un exemple qui pourrait paraitre absurde au premier abord, mais qui aidera certainement à mieux se représenter ce dont il est question :

je mesure 1 mètre, 82 centimètres, la possibilité de manifestation de mesurer 1m 90 , est une possibilité de manifestation, mais non manifestée pour moi, elle peut cependant s’actualiser pour un autre que moi. Ensuite la possibilité de manifestation de mesurer 1m 80 est une possibilité non manifestée également me concernant, mais qui réside potentiellement, à l’état latent, dans l’éventualité où mes vertèbres venaient à s’affaisser avec l’âge. Cela reste une possibilité de manifestation, mais non manifestée.

Il est à indiquer que toute possibilité de non manifestation ne se manifestera jamais et n’a pas vocation à l’être ; et que toute possibilité de manifestation doit nécessairement se manifester.

C’est pourquoi il est notamment indiqué qu’à la fin du cycle, toutes les possibilités, surtout les plus basses, (ne s’étant pas actualisées dans les cycles plus qualitatifs, précédents) doivent êtres épuisées et finir par s’actualiser. On peut mieux comprendre l’ampleur du flot ininterrompu, le tsunami d’influences basses, se déversant dans le monde à notre époque.


L’Être

L’Être est le Principe de la manifestation, il contient toutes les possibilités de manifestation en tant qu’elles se manifestent. Il est le fondement sur lequel repose toute existence, tout ce que l’on retrouve dans l’univers, dans le monde terrestre.

Il est l’Unité, au-delà de la séparative. Dans l’Etre toutes choses sont unies, sans toutefois être confondues, c’est de l’Un que va procéder la multiplicité.

Trouvant son origine dans le Non-Etre, il est lui-même la première détermination, il ne peut alors être envisagé comme le Principe Suprême indéterminé.

Il est, pourrait on dire, le premier degré du Divin qui puisse s’offrir à la représentation humaine.

L’Homme, comme le dit Platon pense en image ; le zéro métaphysique étant abstrait, et de prime abord, hors de sa capacité rationnelle de compréhension ; Seule l’Unité s’offre alors à lui comme un Tout concevable, comme un point de départ conceptualisable, du monde manifesté.

Mais S’il est hiérarchiquement envisagé comme un degré du Divin venant après l’Infini et le Non être ; il n’en demeure pas moins de même nature, en tant qu’un des deux aspects du Tout Absolu. Il tisse la réalité à partir de lui-même.

L’Etre est, pour rester dans la perspective Vedantine, semblable au Soi ou à l’Atmâ ; et l’Infini est semblable au Suprême Brahma.

Rappelons encore que lorsqu’il s’agit d’envisager l’Infini, le Tout Absolu, l’Unité Primordiale, il convient, nous dit Guénon, d’employer le terme de Non-Dualité plutôt que d’Unité.

L’Unité faisant, à mon sens, plutôt référence à « un Tout fermé », alors que la Non – Dualité pourrait quant à elle faire référence à un Tout, sans début ni fin , sans limite, suggérant l’inexprimable. Mais il s’agit là une interprétation toute personnelle.


La manifestation

La manifestation est l’ensemble des Principes prenant forme et venant se révéler dans le monde, c’est le déploiement des possibilités venant modeler les différents états d’existence.

C’est la réfraction de la Vérité venant se multiplier à travers le subtile jusqu’à la matière.

C’est le domaine du quantitatif, du relatif, de l’indéfini déploiement de causes successives.

La manifestation est le langage qu’utilise le Divin pour exprimer sa miraculeuse poésie, c’est le symbole exprimant à nos sens, le trésor caché.
C’est la fleur exprimée, que la graine contenait.

Mais c’est encore un appel, un son primordial envoyé et attendant un retour, un écho.

L’Homme est lui-même manifesté, il est un composite de possibilités, il est à la fois dans le monde et au-delà, par son Principe.

La manifestation est la projection dans laquelle l’Homme, reflet, image de Dieu sur terre, est assigné à une quête, celle du retour.

Il a dans le déploiement de la multiplicité, dans sa chute, à résister à la loi de la pesanteur l’entrainant vers le quantitatif, vers la matière, à se délester de ses parties périssables, pour réaliser , pour connaitre, son Identité Suprême.

La métaphysique est une connaissance de l’au delà de ce qui existe.

La réalisation c’est connaître ce qui est, et être ce qui est connu.

Il Solitario