Définitions des thématiques développées sur ce blog :

Pour bien comprendre les thématiques développées sur ce blog, il me semblait nécessaire avant toutes choses de donner quelques définitions indispensables à la compréhension des sujets qui seront traités dans les futurs articles.


Sur ce blog, nous traiterons essentiellement de tout ce qui se rapporte aux civilisations traditionnelles. Cela peut être réparti en plusieurs ‘domaines’ (qui entretiennent cependant toujours un étroit rapport entre eux) que nous allons ici essayer de définir au mieux grâce aux définitions qui nous ont été données par les auteurs de ‘La Tradition primordiale’ (que l’on appelle aussi plus généralement les auteurs du ‘pérénialisme’).

Les ‘domaines’ traités sur ce blog sont au nombre de cinq:

– Le symbolisme.
– La métaphysique.
– L’architecture traditionnelle.
– La Tradition primordiale.
– La Science sacrée.

Voyons brièvement comment il nous faut entendre ces termes sous l’angle des connaissances des auteurs du pérénialisme et à travers quelques extraits de textes de ces mêmes auteurs…

Le symbolisme.

L’échelle céleste symbolise l’Axe du Monde.

Selon René Guénon :

 »Si le symbolisme est, comme nous venons de l’expliquer, essentiellement inhérent à tout ce qui présente un caractère traditionnel, il est aussi, en même temps, un des traits par lesquels les doctrines traditionnelles, dans leur ensemble (car ceci s’applique à la fois aux deux domaines ésotérique et exotérique), se distinguent, en quelque sorte à première vue, de la pensée profane, à laquelle ce même symbolisme est tout à fait étranger, et cela nécessairement, par là même qu’il traduit proprement quelque chose de « non-humain », qui ne saurait aucunement exister en pareil cas. »

 »La forme du langage est, par définition même, « discursive » comme la raison humaine dont il est l’instrument propre et dont il suit ou reproduit la marche aussi exactement que possible ; au contraire, le symbolisme proprement dit est véritablement « intuitif », ce qui, tout naturellement, le rend incomparablement plus apte que le langage à servir de point d’appui à l’intuition intellectuelle et supra-rationnelle, et c’est précisément pourquoi il constitue le mode d’expression par excellence de tout enseignement initiatique. Quant à la philosophie, elle représente en quelque sorte le type de la pensée discursive (ce qui, bien entendu, ne veut pas dire que toute pensée discursive ait un caractère spécifiquement philosophique), et c’est ce qui lui impose des limitations dont elle ne saurait s’affranchir ; par contre, le symbolisme, en tant que support de l’intuition transcendante, ouvre des possibilités véritablement illimitées. »

 »Le véritable fondement du symbolisme, c’est, comme nous l’avons déjà dit, la correspondance qui existe entre tous les ordres de réalité, qui les relie l’un à l’autre, et qui s’étend, par conséquent, de l’ordre naturel pris dans son ensemble à l’ordre surnaturel lui-même ; en vertu de cette correspondance, la nature tout entière n’est elle-même qu’un symbole, c’est-à-dire qu’elle ne reçoit sa vraie signification que si on la regarde comme un support pour nous élever à la connaissance des vérités surnaturelles, ou « métaphysiques » au sens propre et étymologique de ce mot, ce qui est précisément la fonction essentielle du symbolisme, et ce qui est aussi la raison d’être profonde de toute science traditionnelle. Par là même, il y a nécessairement dans le symbolisme quelque chose dont l’origine remonte plus haut et plus loin que l’humanité, et l’on pourrait dire que cette origine est dans l’œuvre même du Verbe divin : elle est tout d’abord dans la manifestation universelle elle-même, et elle est ensuite, plus spécialement par rapport à l’humanité, dans la Tradition primordiale qui est bien, elle aussi, « révélation » du Verbe ; cette Tradition, dont toutes les autres ne sont que des formes dérivées, s’incorpore pour ainsi dire dans des symboles qui se sont transmis d’âge en âge sans qu’on puisse leur assigner aucune origine « historique », et le processus de cette sorte d’incorporation symbolique est encore analogue, dans son ordre, à celui de la manifestation. »(René Guénon, Aperçus sur l’initiation, Chap. XVIII : Symbolisme et philosophie).  

Selon Frithjof Schuon : 

 »(…) la métaphysique et le symbolisme, qui seuls fournissent les clefs décisives pour les problèmes ontologiques et eschatologiques, sont des sciences hautement exactes, — d’une exactitude qui dépasse de beaucoup celle des faits physiques, — mais qui échappent à l’entendement restreint des rationalistes et empiristes, et aux démarches lourdes et stériles de leurs méthodes. »
 »Une erreur très répandue, et devenue officielle à la faveur de l’évolutionnisme, consiste à croire que les symboles, à l’origine, étaient pris au pied de la lettre, et que le symbolisme proprement dit n’est que le fait d’un « éveil intellectuel » plus ou moins tardif ou d’un « affinement progressif » de l’esprit. Cette opinion, radicalement fausse, renverse le rapport normal des choses : en réalité, ce qui apparaît plus tard comme un sens surajouté était d’abord implicite, si bien que l’« intellectualisation » des symboles est le fait, non d’un progrès intellectuel, mais au contraire de la perte de l’intelligence primordiale chez la majorité ; c’est donc en fonction d’une compréhension de plus en plus défectueuse des symboles et pour parer au danger d’« idolâtrie », et nullement pour échapper à une idolâtrie préexistante — et en fait inexistante — que la tradition s’est vue dans l’obligation, à partir d’un certain « moment cyclique » et en s’inspirant au besoin pour la forme, de doctrines étrangères, d’expliciter verbalement les symboles qui suffisaient à l’origine — à l’« Epoque divine » — pour la transmission des vérités métaphysiques et cosmologiques (2).(2) Guénon nous dit une fois que si nous pouvions rencontrer des hommes de l’âge d’or, nous serions frappés par le fait qu’ils parleraient toujours en images et non en langage abstrait. »
 Frithjof Schuon , De l’Esprit symboliste, Publié dans les Études Traditionnelles N°340, juin 1957

La métaphysique.

Correspondance entre le macrocosme et le microcosme : « Ce qui est en bas est comme ce qui est en haut, et ce qui est en haut est comme ce qui est en bas pour faire les miracles d’une seule chose ».

Selon René Guénon :

 » Nous devons déclarer tout d’abord que, quand nous employons le terme de « métaphysique » comme nous le faisons, peu nous importe son origine historique, qui est quelque peu douteuse, et qui serait purement fortuite s’il fallait admettre l’opinion, d’ailleurs assez peu vraisemblable à nos yeux, d’après laquelle il aurait servi tout d’abord à désigner simplement ce qui venait « après la physique » dans la collection des œuvres d’Aristote. Nous n’avons pas davantage à nous préoccuper des acceptions diverses et plus ou moins abusives que certains ont pu juger bon d’attribuer à ce mot à une époque ou à une autre ; ce ne sont point là des motifs suffisants pour nous le faire abandonner, car, tel qu’il est, il est trop bien approprié à ce qu’il doit normalement désigner, autant du moins que peut l’être un terme emprunté aux langues occidentales. En effet, son sens le plus naturel, même étymologiquement, est celui suivant lequel il désigne ce qui est « au delà de la physique », en entendant d’ailleurs ici par « physique », comme le faisaient toujours les anciens, l’ensemble de toutes les sciences de la nature, envisagé d’une façon tout à fait générale, et non pas simplement une de ces sciences en particulier, selon l’acception restreinte qui est propre aux modernes. C’est donc avec cette interprétation que nous prenons ce terme de métaphysique, et il doit être bien entendu une fois pour toutes que, si nous y tenons, c’est uniquement pour la raison que nous venons d’indiquer, et parce que nous estimons qu’il est toujours fâcheux d’avoir recours à des néologismes en dehors des cas de nécessité absolue.
Nous dirons maintenant que la métaphysique, ainsi comprise, est essentiellement la connaissance de l’universel, ou, si l’on veut, des principes d’ordre universel, auxquels seuls convient d’ailleurs proprement ce nom de principes ; mais nous ne voulons pas donner vraiment par là une définition de la métaphysique, ce qui est rigoureusement impossible, en raison de cette universalité même que nous regardons comme le premier de ses caractères, celui dont dérivent tous les autres. En réalité, ne peut être défini que ce qui est limité, et la métaphysique est au contraire, dans son essence même, absolument illimitée, ce qui, évidemment, ne nous permet pas d’en enfermer la notion dans une formule plus ou moins étroite ; une définition serait ici d’autant plus inexacte qu’on s’efforcerait de la rendre plus précise. »

René Guénon – « Introduction générale à l’étude des doctrines Hindoues » (1921) Extraits du Chapitre V : Caractères essentiels de la métaphysique.


L’architecture traditionnelle.

L’église du Saint-Sépulcre ou basilique du Saint-Sépulcre, également appelée basilique de la Résurrection ou Agia Anastasis par les chrétiens d’Orient, est une église chrétienne située dans le quartier chrétien de la Vieille ville de Jérusalem.

Selon René Guénon (citant ici un texte de Ananda K. Coomaraswamy) :

 » Dans un article de la revue The Indian Historical Quarterly (mars 1938) Ananda K. Coomaraswamy a étudié la question du symbolisme du dôme, qui est trop importante, et d’ailleurs trop étroitement liée à certaines des considérations que nous avons nous-même développées précédemment, pour que nous n’en examinions pas spécialement les principaux aspects. Le premier point essentiel à noter à cet égard, en connexion avec la valeur proprement symbolique et initiatique de l’art architectural, c’est que tout édifice construit suivant des données strictement traditionnelles présente, dans la structure et la disposition des différentes parties dont il se compose, une signification « cosmique », qui est d’ailleurs susceptible d’une double application, conformément à la relation analogique du macrocosme et du microcosme, c’est-à-dire qu’elle se réfère à la fois au monde et à l’homme. Cela est vrai naturellement, en premier lieu, des temples ou autres édifices ayant une destination « sacrée » au sens le plus limité de ce mot ; mais, en outre, cela l’est même pour les simples habitations humaines, car il ne faut pas oublier qu’en réalité il n’y a rien de « profane » dans les civilisations intégralement traditionnelles, si bien que c’est seulement par l’effet d’une profonde dégénérescence qu’on a pu en arriver à construire des maisons sans se proposer rien d’autre que de répondre aux besoins purement matériels de leurs habitants, et que ceux-ci, de leur côté, ont pu se contenter de demeures conçues suivant des préoccupations aussi étroitement et bassement utilitaires.
 » (…) Il va de soi que la signification « cosmique » dont nous venons de parler peut être réalisée de multiples façons, correspondant à autant de points de vue, qui donneront ainsi naissance à des « types » architecturaux différents, dont certains seront particulièrement liés à telle ou telle forme traditionnelle. »

René Guénon – Le symbolisme du Dôme -Symboles fondamentaux de la Science sacrée.


La Tradition primordiale.

Le processus cosmogonique selon la tradition chinoise (Taoïsme).

 »La tradition primordiale est la source non-humaine (apurusheya, suivant l’expression des upanishad) de la connaissance universelle, ainsi que l’origine commune de toutes les traditions spirituelles de l’humanité. La notion de tradition primordiale a été particulièrement développée à l’époque contemporaine et en Occident par l’œuvre de René Guénon et ensuite par celle de Frithjof Schuon. Pour René Guénon, la « Tradition primordiale » est « l’unité essentielle et atemporelle de toutes les traditions spirituelles ». Elle est identifiée à la sanatana dharma dans l’hindouisme. Il s’agit aussi de la tradition spirituelle originelle de l’humanité identifiée au paradis terrestre de la Bible, l’âge d’or de la mythologie gréco-romaine; au début du krita yuga hindou. Il s’agit aussi d’une connaissance du « Principe ultime », un état d’être spirituel que l’homme a perdu lors de la chute et qu’il faut retrouver. » (Wikipédia)

 » La notion du Sanâtana Dharma est une de celles qui n’ont pas d’équivalent exact en Occident, si bien qu’il paraît impossible de trouver un terme ou une expressions qui la rende entièrement et sous tous ses aspects ; toute traduction qu’on pourrait en proposer serait, sinon tout fait fausse, du moins très insuffisante. Ananda K. Coomaraswamy pensait que l’expression qui pouvait peut-être le mieux en donner tout au moins une approximation était celle de Philosophia Perennis, prise dans le sens où elle était entendue au moyen âge ; cela est vrai en effet à certains égards, mais il y a cependant de notables différences, qu’il est d’autant plus utile d’examiner que certains semblent croire trop facilement la possibilité d’assimiler purement et simplement ces deux notions l’une à l’autre. »
(René Guénon, Sanâtana dharma, publié dans Cahiers du Sud, n° spécial Approches de l’Inde, 1949, repris dans Etudes sur l’hindouisme). http://esprit-universel.over-blog.com/article-rene-guenon-sanatana-dharma-114830037.html

La Science sacrée.



‘Hommo religious’ coiffé du symbole du Centre, Mexique.

 »Il y a donc, en ce qui concerne les sciences, deux conceptions radicalement différentes et même incompatibles entre elles, que nous pouvons appeler la conception traditionnelle et la conception moderne ; nous avons eu souvent l’occasion de faire allusion à ces « sciences traditionnelles » qui existèrent dans l’antiquité et au moyen âge, qui existent toujours en Orient, mais dont l’idée même est totalement étrangère aux Occidentaux de nos jours. »

 »En voulant séparer radicalement les sciences de tout principe supérieur sous prétexte d’assurer leur indépendance, la conception moderne leur enlève toute signification profonde et même tout intérêt véritable au point de vue de la connaissance, et elle ne peut aboutir qu’à une impasse, puisqu’elle les enferme dans un domaine irrémédiablement borné. »

 »Cet exposé permettra de comprendre tout ce qui manque au monde moderne sous le rapport de la science, et comment cette même science dont il est si fier ne représente qu’une simple déviation et comme un déchet de la science véritable, qui, pour nous, s’identifie entièrement à ce que nous avons appelé la « science sacrée » ou la « science traditionnelle ». La science moderne, procédant d’une limitation arbitraire de la connaissance à un certain ordre particulier, et qui est le plus inférieur de tous, celui de la réalité matérielle ou sensible, a perdu, du fait de cette limitation et des conséquences qu’elle entraîne immédiatement, toute valeur intellectuelle, du moins si l’on donne à l’intellectualité la plénitude de son vrai sens, si l’on se refuse à partager l’erreur « rationaliste », c’est-à-dire à assimiler l’intelligence pure à la raison, ou, ce qui revient au même, à nier l’intuition intellectuelle. Ce qui est au fond de cette erreur, comme d’une grande partie des autres erreurs modernes, ce qui est à la racine même de toute la déviation de la science telle que nous venons de l’expliquer, c’est ce qu’on peut appeler l’« individualisme », qui ne fait qu’un avec l’esprit antitraditionnel lui-même, et dont les manifestations multiples, dans tous les domaines, constituent un des facteurs les plus importants du désordre de notre époque ;  »
(René Guénon, La crise du monde moderne, chap. : Science sacrée et science profane).


Par la lecture de ces définitions/explications extraites d’articles des auteurs du pérénialisme,  les lecteurs de ce blog pourront ainsi, je l’espère, se faire une meilleure idée des cinq principales thématiques qui seront abordées et développées sur – Axe cosmique –  (nom de ce blog) mais qui ne l’oublions pas sont toujours très étroitement liées entre elles.

Cordialement,

Gregory Tiki Viracocha.